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Ethnomédecine et action humanitaire - Argiles et tradition - Biocontact

Paru dans le mensuel BIOCONTACT,
Mars 2003 BC n° 123 Argile et tradition (dossier du mois sur l’ethnomédecine)

Ethnomédecine et action humanitaire
ARGILES ET TRADITION

S’il est une ressource abondante, gratuite et transculturelle, c’est bien l’argile. Une association parisienne se propose de faire redécouvrir ce merveilleux remède en Afrique et ailleurs. Interview.

Jade, vous faites partie du groupe L’Homme et L’Argile, une association qui aide les populations défavorisées de la planète à utiliser leurs ressources locales – en l’occurrence des gisements minéraux de silicates d’alumine (argiles) – pour assurer les soins de santé de base. Vous êtes l’ethnomédecin de cette organisation. Pourquoi cette fonction ?

Au sein du groupe, j’ai deux rôles : d’une part la documentation et la recherche sur les utilisations traditionnelles des argiles dans les pays où nous envisageons des actions, d’autre part la sélection et la formation des bénévoles qui seront envoyés sur le terrain.

Pourquoi cette deuxième fonction vous est-elle attribuée ?

Parce que l’ethnomédecine, ce n’est pas que le passé, c’est aussi et peut-être surtout comment se situer pour construire aujourd’hui une action médicale dans tel groupe, telle culture, telle ethnie particulière. Nous travaillons pour les groupes les plus pauvres de la planète, nous habitons chez eux, nous mangeons avec eux. Pour nous, il n’est pas question de faire du néocolonialisme, il est essentiel d’envisager les projets avec leur regard, et par-dessus tout de les laisser trier et transformer ce que nous leur apportons, avec la totale liberté de moduler notre message à leur manière.

Je ne vois pas bien ce que cela implique sur le terrain. Donnez-moi un exemple concret.

Au Mali nous avons formé des correspondants locaux à l’utilisation des argiles. Le plus dynamique d’entre eux, un professeur du secondaire, entreprend de tester la technique sur lui-même. Après avoir vérifié les effets bénéfiques des argiles sur sa propre santé, il soigne ses deux enfants. Les résultats sont si positifs qu’un ami lui demande de conseiller sa mère, une dame âgée clouée au lit depuis plusieurs mois par des problèmes rhumatismaux. Lorsque les gens de la ville virent cette personne, une notable bien connue, retrouver l’usage de ses jambes et sortir de nouveau dans la rue, ils furent stupéfaits et se précipitèrent pour demander des soins au nouveau thérapeute. De fil en aiguille il fut sollicité de toutes parts, dut réparer son vélo, puis s’acheter une mobylette afin de répondre aux demandes de la ville, puis de la région.

Former un argilothérapeute doit certainement vous prendre plusieurs mois…

Naturellement, mais par principe nous ne restons sur place que cinq à dix semaines, puis nous repartons, parce que ce n’est pas notre pays, ce n’est pas à nous de soigner ou d’organiser, nous ne devons en aucun cas prendre la place de ceux qui habitent sur place. Si ce que nous avons partagé avec eux ne correspond pas à leur besoin, ils ont ainsi toute liberté de nous oublier. Or après notre départ, ce monsieur a choisi de compléter ses connaissances sur les argiles, il a étudié les livres que nous lui avions fournis, fait ses propres recherches, redécouvert les richesses de la pharmacopée, qu’en tant qu’intellectuel il avait été formé à mépriser.
Quelques temps plus tard, il nous écrit pour demander l’envoi de cartes de tarot, qu’il désire utiliser lors des soins. Or cette approche ne correspond pas du tout à l’enseignement objectif que nous lui avions apporté. Il nous explique :” moi-même je ne crois pas à la magie, mais lorsque je soigne, s’il n’y a pas de magie je ne suis pas crédible aux yeux de mes patients “.

Comment avez-vous réagi ?

Les membres de l’équipe, qui sont des scientifiques, étaient surpris, voire déçus. C’est là que j’interviens : lors de collaborations avec des tradipraticiens (soignants utilisant les médecines de la tradition) en Afrique, j’ai constaté l’énorme différence entre le phytothérapeute et le guérisseur. Le phytothérapeute, c’est l’équivalent de notre pharmacien : il connaît les médicaments locaux (plantes, extraits minéraux, extraits animaux), sait les récolter et les préparer, et conseiller des recettes efficaces. Le guérisseur, en revanche, c’est celui qui ” détient les secrets “. Et çà, c’est tout autre chose.

Le premier est banalisé, il n’a ” que ” des connaissances objectives, des connaissances que ” n’importe qui peut apprendre “, son savoir est à la portée de tous.

Tandis que le guérisseur est un sorcier, il a été appelé personnellement par les esprits, il a reçu une initiation, il a un pouvoir, il ” manie les forces “. Lorsque je dialoguais avec un guérisseur, il me proposait sur le ton de la plus grande indifférence : ” je peux te dire comment je fais pour les maux de ventre, je peux te montrer “,puis brusquement le ton changeait, il baissait la voix, approchait son visage du mien et murmurait tout bas contre mon oreille ” je peux aussi te donner quelque chose contre les voleurs, s’il vient chez toi, il va devenir aveugle “. Et là, c’est un autre registre, le praticien lui-même devient respectueux, différent.

Il faut savoir que dans la tradition de l’Afrique de l’Ouest, les maladies sont classées selon quatre catégories : les maladies infectieuses, celles qui relèvent d’un sortilège, celles provoquées par les parents défunts et celles causées par le contact avec une personne ou un objet ” impurs “. Or seules les maladies infectieuses et, parfois, les maux dus à des pratiques de sorcellerie, réagissent à un traitement par les herbes – et sont susceptibles de répondre aux produits pharmaceutiques. C’est pourquoi, lorsque vous demandez à quelqu’un s’il préfère s’adresser à la médecine moderne ou à la médecine traditionnelle, il vous répondra : ça dépend de la maladie. Nombreuses sont les méthodes divinatoires utilisées pour déchiffrer les symptômes et identifier à quelle catégorie appartient le mal qui vous frappe. Les maladies par ” pollution ” nécessitent l’intervention d’un expert circonciseur, faiseur de pluie, sorcier.

Finalement, vous lui avez envoyé ce jeu de tarot ?

Naturellement : respecter la population locale, c’est aussi accepter qu’ils ” mangent ” votre projet et l’assaisonnent à leur manière : ils sont chez eux, il ne faut jamais l’oublier. Et nous avons souvent beaucoup à apprendre. Ainsi, dans la ville où nous travaillions au Mali, il y avait un hôpital ” à l’africaine ” : la famille du patient logeait dans les couloirs, préparant sa nourriture et l’entourant de sa présence, les petites marchandes d’oranges et les chèvres traversaient la cour sans vergogne, et à vrai dire, toute la ville passait par là parce que c’était un raccourci !

Quelques mois plus tard, l’hôpital est repris par une association médicale française. Leur première initiative ? Construire un haut mur cernant l’hôpital, avec une entrée étroite gardée par un soldat ! Plus personne n’ose rentrer. Bien sûr, à ce prix, les couloirs sont-ils désormais bien propres, mais le malade est maintenant bien seul, ce qui, culturellement en Afrique est inacceptable, insupportable et vécu comme un abandon et un rejet. Guérit-il réellement plus vite ainsi ? En France, les soins palliatifs de fin de vie redécouvrent tout le bénéfice apporté au malade par la présence des proches, et nous nous croyons novateurs lorsque nous installons des appartements où la famille du patient peut loger à ses côtés et même cuisiner pour lui.

Il est vrai que l’aide humanitaire est parfois à double tranchant. Faut-il dire : ” c’est pour la bonne cause ” ou ” l’enfer est pavé de bonnes intentions ” ?

Si l’on me confie la sélection des bénévoles, c’est justement parce qu’il est essentiel d’évaluer leur capacité à s’adapter à une autre culture, à un autre raisonnement, à une autre manière de penser. Au départ nous recrutons plus sur l’état d’esprit, la mentalité, que sur la compétence technique elle-même, car cette dernière est bien plus facile à améliorer que la précédente ! Comment pouvons-nous juger de leur aptitude au respect ethnique ?

Je vais vous raconter une histoire, celle que nous racontons à ceux qui désirent rejoindre nos rangs : un jeune occidental arrive dans un village de brousse où les huttes sont chauffées par un feu de bois. Il n’y a pas d’ouverture dans le toit et la fumée emplit l’espace. Les gens toussent et leurs yeux brûlent. ” La solution est simple, dit le jeune homme, il suffit de construire une cheminée “. Les gens le remercient, et il repart chez lui, tout content. L’année suivante, il revient au village, et constate avec le plus grand étonnement que ” rien n’a bougé ” : pas d’ouverture dans le toit malgré son excellente proposition, toujours de la fumée et des yeux brûlés. En son for intérieur, il maudit l’indolence des indigènes, puis retrousse ses manches et fabrique lui-même la cheminée. On le remercie avec effusion et il repart chez lui. L’année suivante, stupéfaction : toujours de la fumée ! Il constate avec horreur que ” sa ” cheminée a été consciencieusement obturée par de vieux chiffons ! Alors cette fois il se met en colère. Il va voir personnellement le chef du village : comment une initiative aussi bénéfique, d’une utilité aussi évidente, peut-elle être négligée ? Le notable acquiesce, et impose la cheminée à la famille. Voilà notre jeune homme satisfait, heureux d’avoir si bien contribué à l’amélioration de leur condition de vie. L’année suivante, en approchant du village, il entend une musique. Celle-ci provient précisément de la hutte équipée de la cheminée. C’est un enterrement… La famille a perdu ses deux plus jeunes enfants. Que s’est-il donc passé ? Grâce à l’évacuation de la fumée, les moustiques sont entrés, et avec eux le paludisme.

C’est une histoire vraie ?

Je vous répondrai par une anecdote que j’ai vécue personnellement : marchant dans la rue au Mali, je remarque un vieux monsieur qui marmonne sur mon passage avec la plus grande animosité. Je le salue et lui demande quel est son souci. ” Vous les blancs, me dit-il, vous nous avez apporté toutes les maladies “. ” Certes, monsieur, nous vous en avons apporté quelques-unes que vous n’aviez pas. Mais ne pensez-vous pas que certaines étaient déjà là avant notre arrivée, le paludisme par exemple ? ” ” Non, me répond-il, même ça nous ne l’avions pas ici avant votre venue “… Il est certain que l’abandon de l’équilibre alimentaire et de l’habitat coutumier et plus généralement l’acculturation déciment les populations.

Au Népal, nous étions frappés par le contraste entre la florissante santé des enfants des villages traditionnels isolés opposée à l’état sanitaire déplorable de leurs cousins citadins plus ” modernes “. Il n’est pas facile d’aider. Nelson Mandela disait que dans le don, le plus difficile c’est d’obtenir un jour que celui que l’on a aidé réussisse à nous le pardonner.

Et l’argile dans tout ça ?

Et bien justement, l’extraordinaire avantage de cette méthode de soins, c’est qu’elle existait sous une forme ou sous une autre chez la plupart des ethnies des cinq continents. Lorsque nous venons parler aux gens de cette thérapeutique, ils se souviennent de leurs propres usages coutumiers. Nous avons constaté que lorsqu’ils voient ” les riches ” – que nous sommes à leurs yeux – les utiliser, cela les revalorise, ils reprennent confiance dans leurs racines, notre présence les aide à reconquérir leur dignité.

Mais s’ils savent déjà utiliser les argiles, que leur apportez-vous ?

Un élargissement des indications. Par exemple, les Touareg emploient ces minéraux pour soigner l’écrasement des chairs mais ils n’ont pas découvert leur efficacité sur les brûlures. En Mauritanie, nos correspondants ont eu d’excellents résultats dans cette indication, en outre le cataplasme d’argile a l’avantage de coller étroitement à la plaie, la protégeant ainsi de la saleté et du sable.

Y a-t-il une indication traditionnelle des argiles qui soit commune à tous les peuples avec lesquels vous avez travaillé ?

Oui, la grossesse. Dans une population qui pratique la géophagie (consommation de terres), environ la moitié des femmes enceintes mangent des argiles pendant leur grossesse. A cette période de la vie génitale, elles les trouvent délicieuses, elles disent que les kaolins ont ” le même goût que le lait “. Les quantités journalières ingérées sont importantes : trente à trois cent grammes ou davantage. Dans un premier temps, il s’agit donc pour elles d’un plaisir gastronomique. Dans un second temps, elles avancent un certain nombre de justifications, transmises par leurs mères : grâce à ces ” pierres “, la grossesse se passera bien car les brûlures d’estomac, nausées et vomissements seront soulagés, le risque d’accouchement prématuré écarté, l’accouchement lui-même plus facile, le bébé étant bien éveillé et les os de son crâne solides. Enfin, l’enfant aura plus de chance d’être un garçon !

C’est exact ?

Pour la dernière de ces affirmations, je ne me prononcerai pas, mais en revanche il est certain que cette pratique leur fournit un apport non négligeable en minéraux : consommant une valeur moyenne de 140 grammes d’argile de termitière par jour, une femme enceinte reçoit 43 % de la ration de grossesse conseillée en calcium, 21 % du magnésium, 11 à 22 % du fer et 13 % du zinc recommandés, ainsi qu’importantes quantités de manganèse, cuivre, potassium et sélénium. En outre, lorsque les argiles consommées parviennent dans l’estomac, elles larguent ces éléments et les échangent pour des ions hydrogène, soulageant de ce fait l’acidité stomacale excessive. Enfin peut-être les femmes enceintes atteintes de parasitisme intestinal bénéficient-elles des capacités anti-saignement des argiles, qui, à faible concentration, stimulent les facteurs contact de la coagulation, et diminuent ainsi la spoliation en fer.

Vous donnez toujours raison aux traditions locales ? Pourtant certains usages sont nocifs et dangereux. De nombreux peuples mettaient systématiquement de la terre sur le nombril de leurs nouveau-nés, et ceux-ci mouraient du tétanos.

Vous touchez là un point extrêmement important, c’est un excellent exemple. Autrefois, cette coutume n’était pas aussi dangereuse qu’elle le paraît, elle était même pleine de sagesse : le sol prélevé était riche en argile, en kaolins plus précisément, dans les pays concernés, une espèce minérale constituée d’une bi-couche de silicate aluminium. Or ce dernier élément possède des propriétés cicatrisantes bien documentées. Enfin la densité de population et de bétail était-elle très inférieure à celle de notre époque, ce qui réduisait le risque de présence du bacille de Nicolaër à une probabilité quasiment nulle. Le problème, c’est que l’environnement a totalement changé et que le risque serait considérable de nos jours. En tant qu’ethnologue mon message est souvent le suivant : je leur dis : ” cette coutume était extraordinaire d’intuition et d’intelligence lorsque vous l’avez instituée, mais attention le contexte a changé “. C’est pourquoi, comme je vous le disais au début de notre rencontre, l’ethnologie c’est aussi aujourd’hui, être à l’écoute des gens vivants, maintenant.

Propos recueillis par Jean-Pierre Camo

Argile et argilothérapie

L’ARGILE EST LA PEAU DE LA TERRE

Bien plus qu’une desquamation des roches affleurantes, bien plus qu’une couverture liant -sous sa forme floculée- ou déliant -sous sa forme dispersée- les matériaux composites du sol, l’argile est surtout et avant tout cet extraordinaire « chaînon manquant » entre l’organique et l’inorganique, ce lieu unique de respiration et d’échange entre la profondeur minérale inanimée et la vie grouillante de la surface.

A son sujet les savants rejoignent les voyants : D’un avis unanime les traditions nous affirment que le premier être humain fut crée en façonnant l’argile : la Bible et le Coran lui donnent le même nom « adama », l’homme rouge, l’homme formé d’argile rouge. Il a fallu attendre la deuxième moitié du XXème siècle pour que l’avant garde de la recherche puisse enfin prouver et argumenter ces vérités premières.

Ainsi, le Docteur Lelia COYNE et son équipe de la NASA Ames Research Center nous expliquent-ils que les premières molécules naquirent dans l’argile, grâce à sa capacité d’attraction sélective et de protection des acides aminés qui, sur ce « support intelligent » purent se lier et se combiner.

Bien avant nous le monde animal sut retourner à la terre-mère pour se soigner. Les éléphants indiens pansent plusieurs fois par jour leurs plaies avec la boue des fleuves, les cerfs de Bulgarie gainent de glaise leurs membres endoloris, et nos bons chiens corniauds préfèrent toujours l’eau fangeuse des flaques à celle de leur gamelle.

L’homme observait et imitait l’animal, peut-être aussi obéissait-il à son propre instinct : partout sur la planète se développa un usage coutumier des terres curatives, et toutes les civilisations en portent trace dans leurs parchemins, qu’ils soient papyrus égyptiens, papiers de riz chinois ou feuilles de palmier sanskrites. Nos sages druides eux-mêmes affirmaient que chacun de nous doit au cours de sa vie ingérer son propre poids d’argile.

L’histoire apporte aussi quelques témoignages étonnants :

Dans l’antiquité, on colportait de pays à pays et on commercialisait des petits médaillons d’argile sechée à consommer, marqués d’un sceau et dénommés pour cette raison « terra sigilata »,
En 1581, un condamné à mort s’offrit pour tester, sous contrôle d’huissier et en échange de sa liberté, le pouvoir antipoison de l’argile : il survécut à trois fois la dose mortelle de mercure,
En 1905 à Berlin, l’argile permit d’enrayer une épidémie de choléra,
Lors de la 1ère guerre mondiale, l’argile mélangée à la moutarde de la ration militaire de certains régiments français les protégea de la dysenterie, à la stupéfaction des médecins des autres troupes décimées par la maladie.
Ghandi lui-même en était un fervent adepte, car elle allie l’abondance et le faible côut à une polyvalence thérapeutique qui en fait un véritable remède d’urgence.
De nos jours il est assez étonnant de constater, lorsque l’on voyage, à quel point ces connaissances sont encore vivaces : quel que soit le pays l’on trouve toujours une ethnie , une race, une tribu où l’argile est encore utilisée. Personnellement, j’ai échangé avec les touaregs diverses recettes concernant l’usage externe en cas de contusion, et goûté avec les hommes de la jungle srilankaise divers crus extraits de termitières géantes qui constituent, mélangés au miel sauvage, leur unique aliment en période de disette.

Depuis le début des années 1930, les argiles sont sélectionnées et testées pour la fabrication de spécialités pharmaceutiques destinées principalement à la sphère disgestive.

Ce sont par définition des poudres fines constituées de particules de diamètre inférieur à deux microns. Il s’agit de minéraux composés principalement de silicates d’alumine, de magnésium et de fer, auxquels sont associés de nombreux métaux et métaloîdes qui souvent leur confèrent une couleur particulière. En effet on peut trouver des argiles grises, jaunes, rouges et blanches.

Chaque argile a des propriétés spécifiques liées à son origine géologique, à sa composition chimique, et aux oligo-éléments qu’elle est capable de relarguer « in situ » lors de la prise externe ou interne.

Les expérimentations modernes ont confirmé certaines de leurs qualités

– activité anti-hémorragique par activation de la coagulation,

– activité anti-ulcéreuse par équilibration du pH et augmentation de la qualité et de l’épaisseur du mucus protecteur,

– activité anti-microbienne par capture et adsorbtion des bactéries toxines et virus,

– activité cicatrisante grâce au pouvoir couvrant et à l’efficacité de l’alumine, etc…

L'argilothérapie pour tous - L'argile : une médecine bon marché - Forum

Parution dans le “Forum” – Juin 2001

L’argilothérapie pour tous
L’ARGILE : UNE MEDECINE BON MARCHE

L’Homme et L’Argile est un réseau d’experts travaillant bénévolement à la récolte, à l’évaluation et à la diffusion des connaissances sur les argiles, afin de permettre aux populations défavorisées et / ou isolées de se soigner avec les ressources naturelles à leur portée. Le groupe ne reçoit aucune subvention, et les stages qu’il organise Europe servent exclusivement au financement des missions auprès des populations en difficulté.

En mars 2001 revenait de Mauritanie un médecin formé par nos soins à l’argilothérapie. Très réticent au départ vis-à-vis d’une méthode qui lui paraissait trop simple et polyvalente, cet ancien chef de service a eu l’objectivité de tester nos techniques sur le terrain, dans le cadre d’un dispensaire perdu dans le désert… Il est revenu convaincu et enthousiaste ! Si enthousiaste qu’il désire maintenant informer ses collègues. Les gastro-entérites, abcès, plaies infectées et brûlures guérissaient si vite que la population locale refuse désormais d’être soignée autrement. Le plus étonnant, c’est qu’il y a une ancienne mine d’argile sous le sable en plein désert !

Début avril revenait du Mali une infirmière bénévole envoyée en mission par notre équipe. Elle a travaillé avec un argilothérapeute local que nous avions formé il y a plus de dix ans, et qui a pu soigner toute la région avec des argiles récoltées sur place (nous avions effectué les contrôles minéralogiques et bactériologiques indispensables). Au début, il a testé nos conseils de santé sur lui-même. Séduit par les résultats, il a entrepris de traiter ses propres enfants. Ecoutons-le :

“Mes premiers essais, je les ai faits sur moi-même, c’est une évidence ! Cheveux, problèmes d’indigestion, furoncles, j’ai essayé l’argile, et c’est ainsi que j’ai vu vraiment quel était ce trésor qui dormait sous nos pieds. Alors, après moi mon second cobaye a été ma propre fille, une gamine de trois mois qui avait un furoncle qui lui poussait sur le cou. Elle avait de la température. Sa maman alertée est venue me voir : j’applique le cataplasme conformément à la technique enseignée. Dès le lendemain la fièvre tombe, le bouton disparaît…

Une autre personne que j’ai eue à traiter aussi, c’est une femme de 55 ans. Un de ses fils me dit : il faut que tu la voies, elle souffre énormément. Ça faisait 6 mois qu’elle se traitait avec la médecine moderne en hôpital. Elle avait des périodes de rémission mais tout le temps des rechutes. Je lui ai proposé de faire une tentative : elle m’a confié qu’elle ne pouvait plus marcher depuis 2 ou 3 mois, elle était condamnée à rester sur place et à marcher en s’appuyant sur le mur. Je lui ai expliqué tout ce qu’elle pouvait ressentir, par exemple le système de ventouse, de détente des muscles, d’échauffement du cataplasme ou de sommeil dérangé. Et quand je lui ai eu expliqué tout ce qu’il pouvait arriver comme phénomènes je lui ai laissé appliquer le cataplasme. Le lendemain, je suis passé vers 9 heures du matin… A son réveil, pour tester ce que j’avais dit, elle fait un premier pas latéralement, un second pas, elle n’en revient pas, elle était guérie ! Pour la première fois !

Elle a vu un médicament qui avait carrément arrêté les problèmes. Je dois vous confier que je n’en revenais pas, j’ai été étonné, je ne pensais quand même pas que l’argile avait cette puissance. Elle a continué le traitement, toutes les nuits elle appliquait le cataplasme et au bout d’une semaine elle me confie que ça ne fait plus de douleurs du tout.

Pendant la semaine qui a suivi, j’étais débordé de clients… Dans la mesure où la dame avait recommencé à marcher, elle est sortie. Les gens se sont posé la question “Quel est ce médicament miracle ? “. Automatiquement les gens sont venus me voir, chacun est venu m’exposer son problème. Et comme ma formation, mon projet est le but humanitaire, j’ai posé des questions aux patients, j’essayais de les aider et ils me répondaient et m’aidaient, me formaient en retour. A l’époque, j’ai commencé à faire des déplacements à pied de 19 h à 22 ou 23 h. Les cas se multipliaient, les distances étaient grandes, j’ai été amené à employer une bicyclette pendant deux ou trois mois. Cela ne suffisait plus, j’ai dû trouver une petite mobylette avec laquelle j’allais couvrir des kilomètres… Je dois dire que je suis très satisfait personnellement d’avoir donné à mes frères un moyen de guérison qui se trouve à leur portée. J’ai été satisfait aussi d’avoir pu guérir des gens qui étaient presque au désespoir… “.

Si ces quelques mots ont éveillé votre intérêt, si vous voulez aider notre action, venez participer à nos ateliers sur les argiles, car notre travail dans les pays en difficulté – aider les populations défavorisées et / ou isolées à se soigner avec les ressources locales à leur portée – est financé exclusivement par des stages. Venez perfectionner vos connaissances sur les argiles, goûter et tester toutes les différentes espèces minérales disponibles en France et partager vos témoignages dans une ambiance conviviale.

Florence Thiriez
Présidente de L’Homme et l’Argile

L'argile pour tous, de l'humanitaire à la recherche - Biocontact

INTERVIEW DE FLORENCE THIRIEZ
PRESIDENTE DU GROUPE DE TRAVAIL L’HOMME ET L’ARGILE
POUR LE MENSUEL BIOCONTACT, N° 92, AVRIL 2000.

L’ARGILE POUR TOUS,
DE L’HUMANITAIRE A LA RECHERCHE

Pourquoi accordez-vous tant d’importance à l’argile ?

Parce qu’elle ne coûte rien. Et qu’il y en a suffisamment en quantité – 15 % de la croûte terrestre – pour qu’aucune entreprise, aucun gouvernement, serait-il mondial, ne puisse nous la voler par un monopole, nous en interdire l’accès par un brevet. Et suffisamment en épaisseur pour qu’il soit difficile de la polluer à cœur, de la transformer toute en poison.

C’est donc un remède universel, accessible à tous…

Elle est sous nos pieds, et s’offre aux riches comme aux pauvres, sa récolte est si facile et sa conservation si aisée qu’elle peut trôner sans faillir sur la planche du bidonville, ou patienter dans de beaux sachets blancs sur nos étagères.

Elle est sous nos pieds et nous accompagne lorsque nous nous promenons sur la planète par plaisir ou… lorsque nous sommes jetés par la guerre sur des routes inconnues et hostiles, sans bagages et sans autres médicaments.

Elle est sous nos pieds, et les animaux et les hommes, de tous temps et de tous continents, l’ont flairée et désirée d’instinct. Difficile de trouver un groupe ou une ethnie qui ne l’utilise ou l’ait utilisée.

Avec l’argile, on traverse les cultures, on parle la même langue en quelque sorte

Je travaille sur l’argile depuis vingt-cinq ans parce qu’elle seule est réellement à portée du démuni torturé par une douleur dentaire… Mais aussi parce qu’elle seule m’offre cet extraordinaire plaisir d’échanger de plain-pied avec un berger aveyronnais, un aborigène sri-lankais, un touareg du désert ou un indien quitché guatémaltèque : lorsqu’ils découvrent que j’utilise le même remède qu’eux, ils me font entrer dans leur maison et ils partagent avec moi, d’égal à égal, en frères et sœurs. Je ne connais aucun autre passeport, aucun autre passe-culture qui permette ce miracle.

Quelles vertus prête-t-on à ce remède pour qu’il ait ainsi traversé les âges ?

Les argiles sont utilisées en médecine populaire traditionnelle pour soigner les problèmes de peau (brûlures, plaies souillées ou infectées, abcès, furoncles, éruptions), les problèmes rhumatismaux (arthrose, arthrite), les problèmes de traumatismes (fractures, contusions, entorses), et les problèmes digestifs (diarrhée, brûlures et acidité d’estomac, vomissements et certaines parasitoses).

Racontez-nous comment cette passion vous est venue.

A vingt ans, je n’avais ni argent ni couverture sociale. Il fallait s’assumer sur le plan santé. Quelqu’un m’a parlé de l’argile, j’ai essayé, ça a marché, j’ai continué. A trente ans, j’étais spécialisée en médecine traditionnelle (la médecine de la tradition), et à quarante ans je commençais à travailler dans les pays en difficulté.

Là-bas j’ai pu tirer d’affaire pas mal de gens. A commencer par une petite fille, Oumou, qui se mourait de paludisme grave (falciparum). Dans le coma depuis trois jours, en hypothermie, les yeux révulsés et la tête agitée par les spasmes d’une encéphalite, elle attendait la mort. L’argile, secondée par la réflexologie et les plantes médicinales, la rendit à ses parents.

Les familles de la ville, Mopti au Mali, avaient observé avec attention les progrès de l’enfant. Elles me parlèrent de leur souci avec les gastro-entérites endémiques, qui exposaient leurs enfants à des déshydratations mortelles. J’embauchai un secouriste local et le formai à l’argilothérapie. Avec son aide et celle de la directrice de la consultation de nourrissons, nous mîmes au point un traitement qui stoppait les épisodes diarrhéiques dès la première prise (voir protocole en page …), même chez des patients affaiblis et dénutris.

Utilise-t-on toujours l’argile dans cette ville malienne aujourd’hui ?

Après mon départ, l’équipe formée sur place poursuivit son travail avec talent, initiant de nouveaux traitements contre les otites et les maladies de peau. Amis “humanitaristes”, ne restez pas dans ces pays, ce serait manquer de respect aux habitants, se substituer à eux, faire du néo-colonialisme. Servir de catalyseur aux bonnes volontés locales est bien plus éthique et efficace. Lorsque vous proposez une technique qui leur convient, les populations locales prennent le relais très rapidement.

Pourquoi avoir quitté l’Afrique, terre si riche de traditions ?

Ma place était en France. Je savais que les argiles ne seraient pas prises en compte tant qu’elles ne feraient pas l’objet d’une validation scientifique, et je fondais en 1991 le groupe de travail L’Homme et L’Argile, un réseau constitué de spécialistes (géologues, hydrologues, médicaux, chimistes, physiciens, vétérinaires, tradipraticiens) décidés à donner bénévolement quelques heures de leur temps “pour la bonne cause” : mettre à disposition des groupes en difficulté des techniques leur permettant d’assurer les soins de santé primaire avec les ressources à leur portée sur le plan géographique, financier et culturel. Il s’agissait de collecter, de contrôler et de diffuser toute information concernant les effets des argiles sur la santé. Il fallait déterminer avec précision les modes d’action, indications et limites des ces médicaments naturels.

Qu’avez-vous découvert lors de vos recherches ?

Notre première tâche fut de rassembler les travaux scientifiques déjà effectués dans ce domaine. Je découvris avec stupéfaction que les argiles étaient à la pointe de la recherche actuelle, en particulier concernant leur capacité de dépolluants de radioactivité : pas un jour sans que les laboratoires du monde entier ne la testent et la décortiquent, pas un mois sans qu’ils n’en publient, dans les revues les plus prestigieuses, les étonnantes performances physiques, chimiques et médicales ! Le Medline, base de données médicale internationale, regorge de documents passionnants, que nous collectons et évaluons chaque année.

Quelle place occupe-t-elle dans la médecine moderne ?

Deuxième surprise : les argiles sont le principal composant et le principe actif de nombreux médicaments de médecine humaine et vétérinaire actuels vendus en pharmacie, médicaments que nous testons et dont nous examinons méticuleusement les dossiers réservés aux experts.

Troisième surprise : elles font l’objet d’un déni affiché des praticiens, qui vous tancent d’un regard méprisant lorsque vous les mentionnez… mais les prescrivent largement. Avec raison. Quel est actuellement le médicament le plus prescrit par les pédiatres à vos enfants en cas de troubles intestinaux ? L’argile. Mais l’auriez vous reconnue sous le terme de “smectite intergrade de nature bedeillitique” ?

Quelle est la vocation du groupe L’Homme et L’Argile ?

En dix ans, nous avons rassemblé une quantité impressionnante de travaux sur les qualités thérapeutiques des argiles, et nous disposons quasiment tout ce qui a été fait ou dit sur le sujet, de Dioscoride, premier siècle avant J.-C., aux études les plus récentes sur les propriétés ferromagnétiques. Nous avons effectué des missions de terrain dans de nombreux pays et mis au point des protocoles de traitements nouveaux, sûrs, simples et rapides.

Notre qualité d’experts indépendants des laboratoires ou entreprises a fait de nous une référence sur le sujet auprès des particuliers… des laboratoires et des entreprises ! Notre rôle est d’aider le public à se débarrasser d’un certain nombre de préjugés concernant l’utilisations des silicates d’alumine (argiles).

Alzheimer, aluminium, argiles - Vous et Votre Santé

Parution dans le mensuel Vous et Votre Santé
n° 36 – juin 1996, courrier des lecteurs.

ALZHEIMER, ALUMINIUM, ARGILES

Un de nos lecteurs s’inquiétait de l’absorption d’aluminium par l’organisme, à la suite d’une cure d’argile par voie buccale (Vous et votre Santé, n° 34, p. 28). Nous avons reçu la réponse suivante de l’association L’Homme et L’Argile.

Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, on a observé des traces d’aluminium au niveau du cerveau. Cependant l’hypothèse selon laquelle l’aluminium serait un facteur causal a été abandonnée, même par l’équipe italienne qui l’avait proposée. Les experts pensent actuellement qu’il s’agit plutôt d’une conséquence, la maladie ayant endommagé la barrière hémato-céphalique qui est ordinairement de filtre.
L’argile est un silicate d’alumine hydraté. Serait-il possible que, lors de son passage dans l’estomac (pH acide), l’aluminium soit libéré, voire solubilisé puis assimilé ? Nous vous livrons à ce sujet quelques éléments de réflexion :

Chez le chien, dont le pH stomacal est beaucoup plus acide que le nôtre, on n’a pas observé d’augmentation de l’aluminium sanguin ou urinaire. Les chiens de traîneau sont traités à l’argile pour prévenir et soigner le stress lors des compétitions.
De nombreux animaux d’élevage reçoivent de l’argile, à visée antidiarrhéique, journellement dans leur ration : aucun cas d’encéphalite alumineuse n’a été décrit jusqu’à présent.
En médecine humaine, les très nombreux médicaments pharmaceutiques à base d’argile (smecta*, actapulgite*, bedelix*, gastropulgite*, gélox*, etc) ont tous passé avec succès les tests de toxicité.

En fait l’aluminium des argiles fait partie de leur structure, de leur charpente, qui n’est pas ou peu détruite lors du passage dans notre organisme. Ce sont plutôt les éléments minéraux adsorbés, liés en surfact à l’argile, qui sont détachés et échangés. Une contamination par les médicaments argileux est donc peu probable. En revanche, la cuisson des aliments dans des récipients et casseroles en aluminium libère cet élément en grandes quantités.Cependant notre équipe continue à travailler sur le sujet, et nous allons procéder à quelques tests in vitro pour approfondir les recherches.

Argile et argilothérapie : l'argile est la peau de la terre - Manuel des Thérapeutiques Naturelles

Parution dans le livre “Manuel des Thérapeutiques Naturelles” 1991
et dans le trimestriel “La Tempérance” n°10, avril 1994.

ARGILE ET ARGILOTHERAPIE
L’ARGILE EST LA PEAU DE LA TERRE

Bien plus qu’une desquamation des roches affleurantes, bien plus qu’une couverture liant -sous sa forme floculée- ou déliant -sous sa forme dispersée- les matériaux composites du sol, l’argile est surtout et avant tout cet extraordinaire “chaînon manquant” entre l’organique et l’inorganique, ce lieu unique de respiration et d’échange entre la profondeur minérale inanimée et la vie grouillante de la surface.

A son sujet les savants rejoignent les voyants : D’un avis unanime les traditions nous affirment que le premier être humain fut crée en façonnant l’argile : la Bible et le Coran lui donnent le même nom “adama”, l’homme rouge, l’homme formé d’argile rouge. Il a fallu attendre la deuxième moitié du XXème siècle pour que l’avant garde de la recherche puisse enfin prouver et argumenter ces vérités premières.

Ainsi, le Docteur Lelia COYNE et son équipe de la NASA Ames Research Center nous expliquent-ils que les premières molécules naquirent dans l’argile, grâce à sa capacité d’attraction sélective et de protection des acides aminés qui, sur ce “support intelligent” purent se lier et se combiner.

Bien avant nous le monde animal sut retourner à la terre-mère pour se soigner. Les éléphants indiens pansent plusieurs fois par jour leurs plaies avec la boue des fleuves, les cerfs de Bulgarie gainent de glaise leurs membres endoloris, et nos bons chiens corniauds préfèrent toujours l’eau fangeuse des flaques à celle de leur gamelle.

L’homme observait et imitait l’animal, peut-être aussi obéissait-il à son propre instinct : partout sur la planète se développa un usage coutumier des terres curatives, et toutes les civilisations en portent trace dans leurs parchemins, qu’ils soient papyrus égyptiens, papiers de riz chinois ou feuilles de palmier sanskrites. Nos sages druides eux-mêmes affirmaient que chacun de nous doit au cours de sa vie ingérer son propre poids d’argile.

L’histoire apporte aussi quelques témoignages étonnants :

Dans l’antiquité, on colportait de pays à pays et on commercialisait des petits médaillons d’argile sechée à consommer, marqués d’un sceau et dénommés pour cette raison “terra sigilata”,
En 1581, un condamné à mort s’offrit pour tester, sous contrôle d’huissier et en échange de sa liberté, le pouvoir antipoison de l’argile : il survécut à trois fois la dose mortelle de mercure,
En 1905 à Berlin, l’argile permit d’enrayer une épidémie de choléra,
Lors de la 1ère guerre mondiale, l’argile mélangée à la moutarde de la ration militaire de certains régiments français les protégea de la dysenterie, à la stupéfaction des médecins des autres troupes décimées par la maladie.
Ghandi lui-même en était un fervent adepte, car elle allie l’abondance et le faible côut à une polyvalence thérapeutique qui en fait un véritable remède d’urgence.
De nos jours il est assez étonnant de constater, lorsque l’on voyage, à quel point ces connaissances sont encore vivaces : quel que soit le pays l’on trouve toujours une ethnie , une race, une tribu où l’argile est encore utilisée. Personnellement, j’ai échangé avec les touaregs diverses recettes concernant l’usage externe en cas de contusion, et goûté avec les hommes de la jungle srilankaise divers crus extraits de termitières géantes qui constituent, mélangés au miel sauvage, leur unique aliment en période de disette.

Depuis le début des années 1930, les argiles sont sélectionnées et testées pour la fabrication de spécialités pharmaceutiques destinées principalement à la sphère disgestive.

Ce sont par définition des poudres fines constituées de particules de diamètre inférieur à deux microns. Il s’agit de minéraux composés principalement de silicates d’alumine, de magnésium et de fer, auxquels sont associés de nombreux métaux et métaloîdes qui souvent leur confèrent une couleur particulière. En effet on peut trouver des argiles grises, jaunes, rouges et blanches.

Chaque argile a des propriétés spécifiques liées à son origine géologique, à sa composition chimique, et aux oligo-éléments qu’elle est capable de relarguer “in situ” lors de la prise externe ou interne.

Les expérimentations modernes ont confirmé certaines de leurs qualités

– activité anti-hémorragique par activation de la coagulation,

– activité anti-ulcéreuse par équilibration du pH et augmentation de la qualité et de l’épaisseur du mucus protecteur,

– activité anti-microbienne par capture et adsorbtion des bactéries toxines et virus,

– activité cicatrisante grâce au pouvoir couvrant et à l’efficacité de l’alumine, etc…

L’usage traditionnel les recommandait principalement pour les problèmes infectieux
– plaies souillées, abcès, furoncles,
– les problèmes rhumatismaux, -arthrites, arthrose-,
-les problèmes traumatiques, -contusions, entorses, tendinites, luxations-,
-et les problèmes digestifs, -constipation, diarrhée, gastrite, colites et brûlures, nausées, vomissements-.

En 1991 fut fondé à Paris le groupe de recherche international “l’Homme et l’Argile” qui réunit dans un esprit pluridisciplinaire des experts ayant chacun dans leur domaine une expérience des argiles et de leur utilisation : cliniciens, épidémiologistes, anthropologues, nutritionnistes, tradipraticiens, pharmaciens, vétérinaires etc…

Ce groupe rassemble, évalue et teste les connaissances anciennes et actuelles sur les différentes espèces minérales, leurs qualités et leurs spécificités thérapeutiques.

Cette équipe est à la disposition des scientifiques et des particuliers pour communiquer et diffuser les informations théoriques ou pratiques les plus récentes sur le sujet

Valorisation d'usages coutumiers pour les soins de santé primaires (S.S.P.) - L'aventure au XXème siècle

Parution dans la revue “L’aventure au XXème siècle”
n°63/64 automne/hiver 1993

VALORISATION D’USAGES COUTUMIERS
POUR LES SOINS DE SANTE PRIMAIRES (SSP)

Imaginez un village, un hameau, une communauté pauvre et/ou isolée. Les pères et mères de familles ont bien du mal à assurer leur survie alimentaire. Jongler avec quelques micro-revenus, jouer de quelques fragiles prévalences et solidarités, se plier à de lourdes servitudes ; rien moins qu’un miracle quotidien à réaliser. On loue ses enfants aux plus nantis, on confectionne beignets et pâtés à vendre de porte à porte, et l’on se maintient vaille que vaille au jour le jour. Survient l’accident, la maladie. Impossible de faire face à la dépense supplémentaire – n’oublions pas que les guérisseurs locaux font aussi payer leur compétence – parfois on se cotise avec les voisins, mais les dispensaires sont loin, les médicaments sujets à un approvisionnement épisodique. Alors on attend, on improvise, et trop souvent on meurt. Et pourtant la communauté avait pendant tout ce temps un excellent remède, efficace, rapide et polyvalent…sous les pieds. Un produit gratuit et disponible qui aurait pu stopper la diarrhée, enrayer l’infection de la plaie, refermer la blessure de machette ou de coupe-coupe, assainir l’eau de boisson, chasser certains parasites. Un produit tellement simple à manipuler que l’enfant le maîtrise facilement, que l’animal l’utilise, que les traditions médicales en signalent l’usage coutumier aux quatre coins de la planète.

Il s’agit des silicates d’alumine, 15% de la croûte terrestre, présents en abondance dans chaque pays, et plus communément appelés argiles. Contes pour passéistes, mythes de mangeurs de carottes ? Allez donc jeter un coup d’oeil dans votre pharmacie familiale, avez-vous du smecta*, bedelix*, actapulgite*, gastropulgite*, gélox*, kaopectate*, antiphlogistine*? Le principe actif de ces médicaments est l’argile. Distribués régulièrement en pharmacie depuis 1930, les silicates font l’objet ces dernières années d’un regain d’intérêt. En effet leur force thérapeutique s’accompagne d’une innocuité exceptionnelle en ce monde de médicaments iatrogènes (iatrogénie, problème de santé induit par un traitement). Et il a été démontré, en ce qui concerne la sphère digestive, la protection du mur intestinal, l’amélioration de l’absorption alimentaire, les capacités anti-saignement par stimulation des facteurs VII et XII de la coagulation, le piégeage par adsorption de nombreux virus, toxines et bactéries.

En 1987, un groupe de scientifiques (pharmaciens, médecins, vétérinaires, géologues) collaborant avec des tradipraticiens décide de se consacrer à la mise à jour des connaissances sur le sujet. Dans un premier temps nous avons collecté les informations dans les banques de données médicales internationales, puis nous nous sommes efforcés de contrôler la fiabilité de ces données par tous moyens envisageables, en prenant soin d’explorer soigneusement toute suspection de toxicité. Nous avions pour but la mise au point de protocoles pertinents maladie par maladie, accessibles aux populations défavorisées. Il s’agissait de valoriser l’utilisation de ressources médicales locales, disponibles, sûres et peu onéreuses. Il fallait que leur recherche, leur conditionnement et leur mode d’emploi puissent être réellement à la portée de tous.

Dès 1988, un spécialiste malien (formé par le groupe de travail l’Homme et l’Argile) définit avec un collaborateur l’utilisation des argiles pour le traitement de la diarrhée. Il détermine la dose, le rythme des prises, et soigne les familles de sa ville avec une espèce minérale locale issue d’une carrière de son choix, le produit séchant sur le toit de sa maison, tamisé par les épouses. Utilisées pendant un an sur les épisodes diarrhéiques de toutes origines, ces argiles ont permis d’enrayer la maladie en 24 heures dans la grande majorité des cas, et guéri, en un temps plus long, les quelques enfants atteints de diarrhée chronique rebelle. Au vu de ces résultats, dès 1992 nous avons pu préconiser les argiles pour le traitement symptomatique des diarrhées associées au Sida, indication qui actuellement nous semble pleine de promesses.

En 1993, la directrice d’un dispensaire situé aux environs de Tazerte, dans le désert marocain, entend parler de ces recherches et nous contacte dans le but d’utiliser ses argiles locales. A notre demande, elle nous a fait parvenir plusieurs échantillons prélevés dans son environnement immédiat.Nous avons assuré leur définition minérale afin de pouvoir en déterminer les indications. Il s’agit de smectites, dont nous effectuons actuellement l’analyse chimique, en vue d’un usage interne ultérieur. Le gisement étant très sableux, notre correspondante effectue une décantation, et obtient d’ores et déjà d’excellents résultats dans le traitement externe des maladies de peau. Elle élabore et teste des posologies pertinentes pour chacune des affections dermatologiques de sa région, et nourrit ainsi en retour notre organisation.

Voici donc une réalisation exemplaire :

intervention en réponse à la demande d’une collectivité,
collaboration à la construction d’un outil local de prise en charge médicale,
enrichissement du savoir Nord par les partenaires Sud, démonstration de leur volonté d’implication, de leur compétence et de leur créativité.

De vastes domaines restent à explorer, en particulier en ce qui concerne les infections urinaires et génitales, ainsi que les capacités anti-parasitaires. Quant à l’utilisation pour l’obtention d’eau potable en milieu familial ou villageois, elle semble intéressante en remplacement ou complément du chlore. Des essais en laboratoire font état de réductions bactériennes de 87,3 à 99,7% pour des ensemencements de 10 puissance 8 germes par millilitre (escherichia coli, pseudomonas aeruginosa, staphylococcus aureus, enterococcus hirae). Cette étude fait l’objet d’un dossier de notre association.

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